jeudi 15 août 2013

IP Tracking, cookie, publicité ciblée et yield management.

Je participe ce soir, jeudi 15 août 2013, à l’émission «Le téléphone sonne» sur France Inter, de 19H20 à 20H, consacré à «Internet et réseaux sociaux, sommes-nous tous traqués et fichés ?[1]», aux côtés d’Etienne Drouard (avocat spécialiste de la protection de la vie privée, ancien membre de la CNIL), Mickaël Vuillaume (web analyste) et Jérémie Zimmermann (porte-parole de l'association la Quadrature du Net).

Les médias se sont fait l’écho de l’enquête ouverte fin juin par la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) et la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes)[2] sur l’IP Tracking.

L’IP Tracking consisterait à repérer les ordinateurs des internautes qui recherchent des billets sur les sites de compagnies aériennes ou ferroviaires ; s’ils n’achètent pas tout de suite, mais reviennent un peu plus tard sur ces sites consulter les mêmes voyages, les prix sont augmentés pour inciter ces internautes à payer tout de suite.

Si elle était avérée, cette pratique commerciale pourrait être considérée comme déloyale[3] par la DGCCRF. De son côté, la CNIL se pose «la question de la loyauté de la collecte des données permettant de mettre en œuvre l'IP Tracking. Cette pratique serait opérée à l'insu des personnes et sans qu'elles soient en mesure de connaître, voire d'agir sur les mécanismes conduisant à moduler le tarif affiché.[4]»

Malheureusement le manque de loyauté de la collecte de données risque, je le crains, d’être difficile à prouver. En effet, l’IP Tracking s’effectue au moyen de cookies, des petits logiciels espions que les sites Web installent sur les navigateurs des internautes. Or, normalement, en Europe, tous les sites doivent informer leurs visiteurs qu’ils utilisent des cookies et leur demander leur accord avant de les installer sur leurs ordinateurs[5].

Une petite application – Ghostery[6] – permet de voir tous les cookies qui s’installent sur votre ordinateur lorsque vous arrivez sur un site.



Saisie d'écran du site de France Inter. Ghostery affiche en haut à droite les 14 cookies que ce site a enregistrées sur mon ordinateur 



Ces cookies constituent des identifiants uniques qui permettent de savoir que tel ordinateur s’est rendu sur telle page de tel site Web. Ils contiennent souvent l’adresse IP de l’ordinateur (un numéro unique attribué en général par votre FAI - Fournisseur d’Accès à Internet), l’url des sites visités, une date d’expiration…

Ces cookies sont utilisés pour suivre à la trace les déplacements des Internautes à l’intérieur d’un même site ou au cours de leurs pérégrinations sur le Web, de serveurs en serveurs. C’est grâce à ces cookies que l’on peut connaître le nombre de visiteurs d’un site ou que nous n’avons pas besoin de retaper notre mot de passe lorsque nous revenons sur un site sur lequel nous nous sommes déjà identifiés.

Surtout, c’est grâce à ces petits logiciels espions que Google et les autres géants de la publicité en ligne nous affichent, sur leurs propres sites, mais aussi les sites dont ils assurent la régie publicitaire, des publicités dites « comportementales », car ciblées en fonction de notre comportement, de notre navigation sur Internet. Pour schématiser, ces régies publicitaires savent que notre ordinateur s’est d’abord rendu sur un site consacré aux couches-culottes, puis sur un site spécialisé dans les voitures familiales, avant un site dédié au crédit, et en déduisent que nous sommes à la recherche d’un crédit automobile. Elles vont donc nous afficher une pub pour un crédit automobile. Cette bannière correspondant à nos centres d’intérêts, nous allons cliquer dessus, ce qui va rapporter plus d’argent à Google et consorts.

Si vous souhaitez en savoir plus, je mets à votre disposition une petite vidéo expliquant le fonctionnement de la publicité comportementale[7].

Si vous souhaitez connaître dans quelles catégories publicitaires Google vous a classé, rendez vous sur http://www.google.com/intl/fr/policies/technologies/ads/ ; vers le milieu de cette page, vous trouverez un paragraphe intitulé
«Comment contrôler les cookies publicitaires» et qui commence par
«Les paramètres des annonces permettent de gérer les annonces Google que vous voyez». Cliquez sur paramètres des annonces

Il existe plusieurs formes de publicités comportementales. L’une d’elles s’appelle le retargeting (reciblage). Elle consiste à utiliser les cookies pour suivre les internautes qui visitent un site marchand, mettent un produit dans leur panier, mais ne l’achètent pas. Pendant plusieurs jours, ils se verront proposer une publicité pour ce même produit. L’IP Tracking pourrait être considéré comme une variante du retargeting : on suit les internautes qui n’achètent pas et lorsqu’ils reviennent, on augmente le prix du produit qui les intéresse.


Inconvénient des cookies : on ne sait pas exactement qui est derrière l’ordinateur.  On sait juste que c’est tel ordinateur qui visite tel site. C’est pourquoi Google, par exemple, nous pousse de plus en plus à nous identifier en utilisant un de ses services. En ce sens, le réseau social Google + avec 500 millions d’inscrits[8] est un succès pour le célèbre moteur de recherche. Une fois que je me suis inscrit sur un service Google (courrier électronique Gmail, site de partage de photo Picasa, réseau social Google +, YouTube…), les cookies de Google peuvent me suivre partout et accumuler autant d’informations sur moi.

Google se rapproche ainsi de Facebook, qui nous cible en fonction de notre graphe social (notre réseau d’amis sur Facebook), de nos publications, des sites que nous visitons et qui comportent un bouton «J’aime» de Facebook… Facebook accumule ainsi des données très indiscrètes sur nous (voir à ce sujet la polémique que j’ai soulevée sur le ciblage que Facebook propose en fonction de nos centres d’intérêts supposés pour certaines pratiques sexuelles ou des drogues illicites[9]).Pour savoir dans quelles catégories publicitaires Facebook vous a classé, suivez ce lien : http://tousfiches.blogspot.fr/2013/01/comment-savoir-dans-quelles-categories.html

Il existe d’autres techniques pour suivre à la trace les déplacements des Internautes sur le Web (par exemple, les pixels espions). Mais, à ce jour, la forme de publicité comportementale la plus aboutie fonctionne sur les smartphones : nous les avons en permanence sur nous et ils révèlent donc notre position.

Encadré : Yield Management
Petit rappel : les compagnies aériennes et ferroviaires pratiquent toutes le yield management (gestion fine des capacités) : pour optimiser le remplissage de leurs avions et de leurs trains, elles font fluctuer leur prix en fonction de la demande. Un voyageur, qui réserve un billet d’avion six mois à l’avance, paiera moins cher que quelqu’un qui réserve la veille du départ. La compagnie aérienne suppose que ce dernier veut absolument partir ce jour-là et qu’il est donc prêt à payer plus cher.
Aux Etats-Unis, le moteur de recherche Bing propose un outil qui permet de savoir s’il vaut mieux acheter son billet tout de suite, car il a forte probabilité d’augmenter dans les prochains jours, ou s’il vaut mieux attendre qu’il baisse.








[3] L'article L.120-1 du code de la consommation, considère comme déloyales une pratique commerciale «lorsqu'elle est contraire aux exigences de la diligence professionnelle et qu'elle altère, ou est susceptible d'altérer de manière substantielle, le comportement économique du consommateur normalement informé et raisonnablement attentif et avisé, à l'égard d'un bien ou d'un service.»

vendredi 9 août 2013

Invité hier du grand débat d'Europe 1 soir, consacré à Big Brother

J'ai participé hier, jeudi 8 août 2013, au grand débat d'Europe 1 soir consacré à «Big Brother est-il entré dans nos vies ? Nous restent-ils encore des coins de jardins secrets ?», aux côté de Jean-François Ruiz, spécialiste des réseaux sociaux, Edouard Geffray, secrétaire général de la Cnil, Bernard Lamon, avocat et Jean-Marc Manach, journaliste.

A réécouter sur http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/Europe-1-Soir/Sons/Europe-1-Soir-Emmanuel-Faux-08-08-13-1606003/, à partir de de la 65ème minute.

vendredi 14 juin 2013

Cette semaine, France Culture, France Info et France 5 m'ont invité pour parler du programme américain de surveillance électronique

• Mardi 11 juin, j'ai été l'invité du journal de 18H de Tara Schlegel, pour parler du scandale Prism, le système d'espionnage américain,  révélé par Edward Snowden ; vous pouvez réécouter mon intervention en suivant ce lien :
http://www.franceculture.fr/emission-journal-de-18h-l-europe-s-inquiete-du-programme-prism-2013-06-11

• Jeudi 13 juin, je suis intervenu pendant Les Choix de France Info, l'émission de Jean Leymarie, pour parler de nos «Données personnelles : quelles traces laissons-nous ?», à réécouter sur : 

http://www.franceinfo.fr/high-tech/les-choix-de-france-info/donnees-personnelles-quelles-traces-laissons-nous-1023355-2013-06-13

• Enfin, toujours, jeudi, j'étais sur le plateau de C Dans l'air, dont le thème était «Qui espionne qui ?»

http://www.france5.fr/c-dans-l-air/international/qui-espionne-qui-39118





mardi 11 juin 2013

Espionnage américain : les données qu'Apple, Facebook ou Google possèdent sur nous sont extrêmement indiscrètes

The Guardian et The Washington Post ont révélé que la NSA (National Security Agency), l'agence américaine chargée des écoutes électroniques, pouvait avoir directement accès aux serveurs d'Apple, Facebook, Google, Microsoft, Skype et autre Yahoo! pour espionner des citoyens du monde entier.

Pour se rendre compte à quel point les données archivées par ces géants de l'Internet révèlent tout de nous, y compris notre intimité, il suffit de créer une publicité sur Facebook.

Voici déjà plusieurs mois que j'ai constaté que Facebook permettait aux annonceurs de cibler des publicités en fonction de nos centres d'intérêt supposés pour certaines pratiques sexuelles ou certaines drogues illicites (lire l'épisode 1 : Les publicités Facebook ciblent nos préférences sexuelles ! ; l'épisode 2 avec l'avis de la CNIL et de son homologue irlandais ; l'épisode 3, avec la réponse officielle, mais décevante, de Facebook, ainsi qu'une interview de Benoit Dupont, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en sécurité, identité et technologie de l’Université de Montréal ; l'épisode 4 avec l'ultimatum que la CNIL irlandaise avait lancé à Facebook ; l'épisode 5 pour apprendre comment Facebook nous range dans telle ou telle catégorie pour nous afficher des publicités ciblées).

La saisie d'écran ci-dessous, réalisée ce matin même, prouve qu'il est toujours possible de concevoir une publicité sur Facebook ciblant les internautes en fonction de données sensibles.



vendredi 7 juin 2013

Deux livres à lire ou à relire pour comprendre le programme d'espionnage américain révélé par The Guardian et The Washington Post

The Guardian et The Washington Post viennent de révéler que la NSA (National Security Agency), l'agence américaine chargée des écoutes électroniques avait directement accès aux serveurs d'Apple, Facebook, Google, Microsoft, Skype et autre Yahoo! pour espionner des citoyens du monde entier. C'est-à-dire n'importe lequel d'entre nous !


Officiellement, ces écoutes visent à lutter contre le terrorisme, mais les données collectées pourraient tout aussi bien être utilisées pour l'espionnage économique ou la surveillance politique.

Les grandes oreilles de l'Oncle Sam ont accès à l'historique de nos recherches sur Google, aux courriers électroniques que nous échangeons sur Yahoo!, aux vidéos que nous publions sur YouTube ou aux photos que nous archivons sur Picasa dans le cadre d'un programme de surveillance appelé Prism, qui est le descendant du programme TIA (Total Information Awareness : Surveillance Totale) que je décris dans mon livre Tous Fichés : l'incroyable projet américain pour déjouer les attentats terroristes (Editions Télémaque novembre 2005).






Ce programme de «Surveillance totale», initié après les attentats du 11 septembre 2001, visait à constituer des fiches sur chaque habitant de la planète pour  détecter, dans nos agissements, les signes annonçant la préparation d'attentats terroristes.

Une des retombées de ce programme de recherche fut la réquisition par les autorités américaines des données des passagers : depuis novembre 2001, toutes les compagnies aériennes qui desservent ou qui survolent les Etats-Unis doivent communiquer toutes les informations qu'elles possèdent sur les passagers de chacun de leurs vols (nom, adresse, email, numéro de carte bancaire, passagers voyageant avec eux, préférences alimentaires…).

Puis les autorités américaines ont étendu ces réquisitions aux données des grands acteurs américains de l'Internet. Dans mon livre Silicon Valley / Prédateurs vallée ? Comment Apple, Facebook, Google et les autres s'emparent de nos données (Editions Télémaque novembre 2011), je raconte que ces entreprises savent… tout de nous !

Près d'un milliard de Terriens utilisent les services de Google ou de Facebook. A travers les mots clés que nous tapons lors de nos recherches, Google sait quelles maladies nous avons (il est capable de prédire les épidémies de grippe avec trois jours d'avance sur les observatoires officiels de la grippe qui existent dans les pays développés), pour qui nous votons, nos croyances, nos préférences alimentaires, etc.






vendredi 22 mars 2013

Interviewé cet après-midi sur France Inter : «Si c'est gratuit, c'est vous le produit»

J'ai été interviewé par Gaylord Van Wymeersch de France Inter dans le cadre de l'émission «Là-bas si j'y suis» consacrée à l'utilisation de nos données personnelles par les grandes sociétés de l'Internet : «Si c'est gratuit, c'est vous le produit»

«Tondre les moutons et leur vendre la laine. Telle est la devise de GAFA. GAFA c'est 300 milliards de chiffre d'affaires annuel, c'est plus de 800 milliards cumulés en Bourse, GAFA c'est la bande des quatre: Google, Apple, Facebook, Amazon. Leur boulot ? Butiner les informations numériques laissées dans notre sillage pour en faire un miel vendu aux annonceurs*. C'est le principe DATA TO VALUE. 
Connaissez-vous ACXIOM, géant de la publicité ciblée et de la gestion des bases de données ? Connaissez-vous CRITEO, cette "start up high tech" avec son siège social de 10.000m2 en plein Paris ? Jamais le marketing n'a été aussi intrusif et manipulateur car tout se fait non seulement avec notre consentement mais c'est nous qui, chaque jour, donnons gentiment notre laine à ceux qui nous la vendent...»


Retrouvez cette émission sur :

http://www.franceinter.fr/emission-la-bas-si-jy-suis-si-cest-gratuit-cest-vous-le-produit

dimanche 17 mars 2013

Demain à Paris pour une table-ronde «Donner ses données ou vendre sa vie ?»


Je participerai demain lundi 18 mars 2013 à une table-ronde «Donner ses données ou vendre sa vie ?», animée par Nicolas Arpagian (Rédacteur en Chef, Prospective Stratégique), devant un public composé d'auditeurs de la session nationale "Sécurité Economique" de l'INHESJ (Institut National des Hautes Etudes de la Sécurité et de la Justice http://www.inhesj.fr/fr), ainsi que d'étudiants de l'école d'ingénieurs EPITA.

Notre navigation quotidienne sur le Net génère des données de connexion. Et notre participation à des médias sociaux nous incite à laisser des traces numériques, largement exploitées par les gestionnaires de sites Internet. Au point de leur permettre de constituer des bases de données à l’échelle planétaire. Quelle est la véritable valeur de ses données personnelles? Comment ces firmes multinationales ont-elles acquis en quelques années par la qualité de leurs services la puissance économique et technique autrefois réservées aux Etats? Quel avenir pour la sphère privée dans un univers omniconnecté? Sur Internet, sommes-nous devenus désormais le produit à vendre ?

Je serai aux côtés de :

• Benoît Tabaka, directeur affaires publiques, Google ;

• Gwendal Le Grand, Chef du service Expertise informatique, CNIL ;

• Alexandre Quintard-Kaigre, chargé de mission Affaires
publiques & juridiques, Mission Etalab – Service du Premier
ministre ;

• Marie Moin, Responsable des enseignements juridiques, EPITA.

Ecole Militaire - Amphithéâtre De Bourcet 1 place Joffre, 75007 Paris – M° Ecole Militaire

vendredi 8 février 2013

Double Numérique : comment s'emparent-ils de nos données ?




Je suis intervenu vendredi 25 janvier 2013 lors de l'"Université des Correspondants Informatique et Libertés" sur le thème : «Double Numérique : comment s'emparent-ils de nos données ?»
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Journaliste, spécialiste des nouvelles technologies, j'écris des livres sur deux sujets : l'impact des nouvelles technologies sur l'éducation de nos enfants (voir le site Nosenfants.fr) et l'impact des nouvelles technologies sur notre vie privée (voir Tousfiches.com).
En 2012, j'ai donné plus de cinquante conférences sur ces deux thèmes (voir Lesconfs.net).
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J'ai tout à fait conscience de l'énorme richesse que représente la masse incroyable d'informations que les hommes produisent. Plusieurs estimations existent. En voici une : chaque année, l'humanité publie sous forme numérique et donc sous une forme accessible, entre autres, sur Internet, une quantité d'informations qui est l'équivalent d'une colonne de DVD qui irait de la Terre à la Lune et retour. Cela fait des millions de DVD, avec sur chacun de ces DVD, l'équivalent des textes de 3 000 livres de 200 pages.
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L'humanité n'a jamais eu accès à une telle quantité d'informations et le travail de certains de nos enfants, dans quelques années, consistera à exploiter cette masse d'informations incroyable, afin de mettre au point des services qui faciliteront la vie des habitants de notre belle planère bleue.
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Je ne suis donc pas très inquiet lorsqu'un célèbre moteur de recherche utilise les mots-clés que nous utilisons pour prédire les épidémies de grippe avec trois jours d'avance sur les observatoires officiels de la grippe.

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Je ne suis pas trop inquiet, car ces donnés sont "anonymisées", même si l'on peut s'interroger sur l'efficacité des techniques d'anonymisation utilisées par ce célèbre moteur de recherche…

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Voici le genre d'informations que notre navigateur transmet à un moteur de recherche, lorsque nous effectuons une recherche sur Internet. Ici, une Américaine commence par se demander si elle est enceinte, puis si boire du soda «diet» (c'est-à-dire avec de l'aspartame à la place du sucre) est bon pour la santé ; elle se demande ensuite si elle attend des jumeaux, avant de rechercher des tests qui lui permettraient de savoir si elle attend un garçon ou une fille. Et ça se termine mal : elle recherche des informations sur comment divorcer pour pas cher !
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En revanche, je suis inquiet quand le même célèbre moteur de recherche modifie ses conditions d'utilisations pour créer une véritable usine à gaz qui lui permettra de nous suivre à la trace au cours de nos déplacements à travers les différents services qu'il propose. Son objectif ? Accumuler le maximum d'informations sur nous, afin de pouvoir, ensuite, nous afficher des publicités ciblées…
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Sans que nous en ayons pleinement conscience, se crée à côté de nous, ce que j'appelle un « double numérique »* de nous-mêmes, composé des traces que nous laissons sur Internet, mais aussi des différents fichiers que des entreprises, un peu partout dans le monde, possèdent sur nous. Nous ignorons jusqu’à l’existence même de ce « double numérique » et savons encore moins quelles utilisations en sont faites. Ce « double numérique » peut voyager partout grâce aux réseaux de communications modernes. Il peut être déjà prêt à l’emploi, stocké quelque part sur des serveurs. Ou être constitué, à la volée, en croisant en quelques centièmes de seconde des informations existant déjà sur nous et éparpillées dans d’autres fichiers.

* j'ai utilisé l'expression « Double Numérique » pour la première fois le samedi 7 janvier 2006, alors que j'étais invité de l’émission Parenthèse, de Laurence Luret, sur France Inter  
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On s’en doute, les utilisations commerciales de ce « double numérique » sont extrêmement nombreuses : estimer notre pouvoir d’achat, cerner nos centres d’intérêt, nous suggérer des achats, etc. Il constitue, par exemple, un outil parfait pour le yield management, l’optimisation du prix de vente, en jouant sur l’offre et la demande.

Mais il y a pire : le « double numérique » peut aussi servir à évaluer notre degré de dangerosité ou nos opinions politiques ! Saviez-vous que certains sites, sur lesquels nous nous apprêtons à utiliser notre carte bancaire pour régler un achat en ligne ou sur lesquels nous nous inscrivons pour la première fois pour vendre des objets, consultent notre « double numérique » pour calculer notre probabilité d’être un mauvais payeur ou un mauvais vendeur ? Paypal, le service de paiement en ligne, qui appartient à eBay, est ainsi capable en moins de trois secondes d’autoriser quelqu’un à se créer un compte chez lui. Ou à bloquer la transaction.

Le grand danger potentiel est bien sûr l’utilisation de notre « double numérique » à des fins politiques. Que se passerait-il si une entreprise collectait des informations sur nous sur Internet et les revendait à des partis politiques ou des syndicats ? C’est déjà le cas aux Etats-Unis…

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Connaissez-vous RapLeaf, une entreprise américaine qui affirme détenir des informations sur 80% des adresses e-mails américaines ?

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J'ai fait le test : RapLeaf affirme détenir des informations sur moi, citoyen français qui possède une adresse sur un webmail américain.
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Ces renseignements semblent approximatifs, puisque, je vous rassure, je n'ai pas encore 50 ans ;-))
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Voici toutes les catégories dans lesquelles RapLeaf affirme pouvoir nous ranger.

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Comment RapLeaf obtient-il toutes ces informations ? C'est très simple…
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Passons maintenant à Facebook. Avez-vous déjà essayé de créer une publicité sur Facebook ? Tout le monde peut le faire. Il suffit de cliquer sur le lien «Créer une publicité».

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Après avoir rédigé le texte de votre annonce, Facebook vous propose de choisir très précisément son audience.
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Et, là, oh surprise, vous vous apercevez que Facebook vous propose de cibler les internautes en fonction de leurs intérêts pour certaines pratiques sexuelles ou certaines drogues ! Vous trouverez tous les détails de l'utilisation de ces données sensibles sur mon blog Tous Fichés (lire l'épisode 1 : Les publicités Facebook ciblent nos préférences sexuelles ! ; l'épisode 2 avec l'avis de la CNIL et de son homologue irlandais ; l'épisode 3, avec la réponse officielle, mais décevante, de Facebook, ainsi qu'une interview de Benoit Dupont, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en sécurité, identité et technologie de l’Université de Montréal ; l'épisode 4 avec l'ultimatum que la CNIL irlandaise avait lancé à Facebook ; l'épisode 5 avec l'interview de Gary Davis, Commissaire Adjoint à la Protection des Données en Irlande, qui explique comment Facebook nous range dans telle ou telle catégorie pour nous afficher des publicités ciblées lorsque nous nous connectons à notre profil).

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Et, si, comme moi, vous souhaitez savoir dans quelle catégorie Facebook vous a rangé, vous trouverez la marche à suivre en cliquant ici.
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Facebook analyse en permanence tout ce que nous faisons et publions sur son site. Ce travail n'est pas exempt d'erreurs, comme le prouvent les archives sur les recherches que j'ai effectuées sur son site.
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Facebook peut également nous suivre à la trace en dehors de son réseau, grâce aux millions de boutons «J'aime » qui équipent des sites Web à travers le monde. Même si vous ne cliquez pas dessus !


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* j'ai utilisé l'expression « Double Numérique » pour la première fois le samedi 7 janvier 2006, alors que j'étais invité de l’émission Parenthèse, de Laurence Luret, sur France Inter  




mardi 29 janvier 2013

Comment savoir dans quelles catégories publicitaires Facebook vous a classé ?

"Tous Fichés" vous révèle la procédure qui vous permettra d'obtenir la liste des catégories dans lesquelles Facebook range chacun d'entre nous. Le réseau social utilise ce classement pour nous envoyer des publicités élaborées en fonction de nos soi-disant centres d'intérêts.
Voici maintenant la marche à suivre pour obtenir la liste des termes que Facebook utilise pour cibler chacun d'entre nous :
Cliquez sur la roue dentée en haut à droite de votre profil.Puis cliquez sur "Compte".



Cliquez sur "Télécharger une copie de vos données sur Facebook."

 Choisissez "Vous pouvez également télécharger une archive étendue pour voir plus d’infos sur votre compte". Facebook vous demande ensuite votre mot de passe.
Facebook vous envoie un courrier électronique quand votre archive est prête. Cliquez sur le lien contenu dans le message. Facebook vous demande une nouvelle fois votre mot de passe.



 Cliquez sur "télécharger l'archive".

Dans le dossier qui s'ouvre, choisissez "ads_topics.html"


jeudi 17 janvier 2013

Un nouvel outil sur Facebook pour fouiller parmi toutes les informations publiées sur le réseau social

Facebook a dévoilé avant-hier un nouvel outil - le graph search - qui permettra d'effectuer des recherches parmi toutes les informations déjà publiées sur ce réseau (et auxquelles nous avons accès) par nos amis, les amis de nos amis ou des inconnus.
Par exemple, lorsque nous taperons "restaurant indien à Paris", nous verrons d'abord les restaurants indiens de Paris qui ont été "aimés" (bouton J'aime de Facebook) par nos amis, les établissements où nos amis sont allés, etc.
Avec ce nouvel outil, Facebook poursuit deux buts : 

  1. nous inciter à passer toujours plus de temps sur son site, ce qui lui donne l'occasion de nous afficher des publicités ;
  2. savoir encore plus précisément ce que nous recherchons*, ce qui lui permettra d'affiner sa connaissance de nos centres d'intérêt ; et grâce à ces informations, il pourra nous afficher des publicités encore plus ciblées, car censées correspondre à nos centres d'intérêts (et si la publicité nous concerne, nous cliquons dessus et cela rapporte encore plus d'argent à Facebook). Facebook vient là mordre sur les terres de Google, qui gagnent beaucoup d'argent en affichant, en haut, ou dans la colonne de droite des pages de résultats, des publicités qui correspondent aux mots-clés que nous avons tapés dans son moteur de recherche.

*Facebook enregistre déjà les recherches que nous menons sur son site. Pour en avoir la preuve, il suffit de cliquer sur la roue dentée en haut à droite de notre profil.
Un menu apparaît. Cliquez sur Confidentialité.
Une nouvelle page apparaît. Cliquez sur Utiliser l'historique Personnel.
Une nouvelle page apparaît, qui résume tout ce que Facebook a enregistré sur nous. 

En cliquant sur la mention Plus, dans la colonne de gauche, sous la rubrique Commentaires, des options supplémentaires apparaissent. En cliquant sur Recherche vous verrez que Facebook conserve déjà en mémoire tout ce que vous avez recherché sur son site…