mercredi 5 décembre 2012
Comment Facebook nous range dans telle ou telle catégorie pour nous afficher des publicités ciblées
Gary Davis, Commissaire Adjoint à la Protection des Données en Irlande, explique comment Facebook nous range dans telle ou telle catégorie pour nous afficher des publicités ciblées lorsque nous nous connectons à notre profil.
Résumé
des épisodes précédents : voici déjà plusieurs mois que j'ai constaté que
Facebook permettait aux annonceurs de cibler des publicités en fonction de nos
centres d'intérêt supposés pour certaines pratiques sexuelles ou certaines
drogues illicites (lire l'épisode 1 : Les publicités Facebook ciblent nos préférences sexuelles ! ; l'épisode 2 avec l'avis de la CNIL et de son homologue irlandais ; l'épisode 3, avec la réponse officielle, mais décevante, de Facebook, ainsi qu'une interview de Benoit Dupont, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en sécurité, identité et technologie de l’Université de Montréal ; l'épisode 4 avec l'ultimatum que la CNIL irlandaise avait lancé à Facebook).
Contactées,
la CNIL (Commission Nationale Informatique et Libertés), puis son équivalent
(le Data Commissioner) irlandais, en charge du dossier Facebook (le siège
social de Facebook Europe est en Irlande) ont confirmé qu'il s'agissait de
données sensibles, dont la collecte était interdite sans le consentement express des internautes.
Dans
son dernier rapport d'audit consacré à Facebook, le Data Commissioner irlandais
avait donné quatre semaine à Facebook pour répondre à ces préoccupations.
La saisie d'écran ci-dessous, réalisée aujourd'hui même, prouve qu'il est toujours possible de concevoir
une publicité sur Facebook ciblant les internautes en fonction de données
sensibles.
J'ai
sollicité une interview téléphonique avec un responsable du Data Commissioner
irlandais. Gary Davis, Deputy Data Commissioner a accepté de répondre à mes
questions.
Comment
est-il encore possible de préparer une publicité sur Facebook utilisant des
données sensibles, comme un intérêt pour certaines pratiques sexuelles ou
des drogues illicites ?
Gary
Davis : La position de notre
organisme est très claire : les publicités ciblées utilisant les termes
apparaissant dans la saisie d’écran que vous nous avez envoyée sont
inacceptables. Le problème est qu’il existe des milliers de termes qui, dans
certains contextes, peuvent être interprétés comme des données sensibles. Par
exemple, le mot “voile” peut être anodin dans le cadre d’une page publiée par
un magasin qui vend des voiles pour les bateaux ; mais il devient un terme
sensible car connoté religieusement si l’on parle du “voile islamique”. Une des
solutions que nous avions envisagées et dont nous avions discuté avec Facebook
était la création, puis la mise à jour d’une liste noire de mots que les
annonceurs n’auraient pas pu utiliser, mais, de toute évidence, cette approche
était trop compliquée à mettre en œuvre, car il y aurait eu des milliers de
mots concernés et ils n’auraient pas arrêté d’évoluer. Le réseau social s’est
donc engagé à bloquer toute publicité utilisant des termes “sensibles”. La
publicité ne sera pas affichée et Facebook entamera des poursuites contre tout
annonceur qui, délibérément, n’aurait pas respecté les conditions de Facebook
dans ce domaine.
Mais,
normalement, Facebook devrait recueillir l’accord express des internautes avant
d’utiliser des données sensibles à des fins marketing ou publicitaires ?
G. D. :
Facebook regarde automatiquement les mots que nous utilisons lorsque nous
mettons notre statut à jour, par exemple, puis note certains mots ou catégories
pouvant servir au ciblage publicitaire. Dans ce cadre-là, il est difficile de
recueillir l’accord préalable des internautes. Et, de toute façon, si Facebook
respecte son engagement de bloquer et de ne pas afficher toute publicité
utilisant des termes sensibles, ces données ne seront pas utilisées à des fins
marketing.
Ne
serait-il pas possible de demander à Facebook de révéler à tous les internautes
qui le souhaitent dans quelles catégories publicitaires le réseau social les a
classés ? C’est ce que fait par exemple Google avec son gestionnaire de
préférences pour les annonces : les internautes peuvent même décocher les
catégories qui leur semblent inappropriées pour eux…
G. D. Les
utilisateurs peuvent désormais avoir accès à ces termes, via les outils de
téléchargement disponibles sur Facebook. [NDLR : voir http://tousfiches.blogspot.fr/2013/01/comment-savoir-dans-quelles-categories.html]
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